Qu’est-ce que l’art floral japonais de l’ikebana ?

L’ikebana (生け花), ou kadō (華道/花道), « la voie des fleurs » ou « l'art de faire vivre les fleurs », est un art traditionnel japonais fondé sur la composition florale.

Au Japon l’arrangement floral crée une harmonie de construction linéaire, de rythme et de couleurs. Au contraire, dans les pays occidentaux l’accent est mis sur la quantité et les couleurs des fleurs. En Occident on utilise les fleurs essentiellement pour leur beauté alors que les japonais favorisent l'aspect linéaire de l’arrangement. 

Dans cet arrangement floral le vase, les tiges, les feuilles et les branches aussi bien que la fleur sont valorisés. La structure complète de l'arrangement floral japonais est axée sur trois points principaux symbolisant le ciel, la terre et l’humanité à travers les trois piliers, asymétrie, espace et profondeur. Un peu à l’instar des jardins japonais qui sont censés représenter la nature au sens large. 

Origines de l’ikebana

Il apparaît que l’histoire de la composition florale remonterait à plus de 3 000 ans. Il est introduit au Japon au VIIIe siècle, par des moines bouddhistes. Dans les temples les bonzes élaboraient de « vastes agencements de branches et de fleurs figurant certains paysages » .Les branches de pin, par exemple, symbolisent les pierres et les rochers, et le chrysanthème blanc symbolise une rivière ou un petit ruisseau.

Apparition du terme ikebana et de ses codes

Le terme « ikebana » est forgé au début du XVIe siècle, lorsqu'il est devenu une pratique artistique codifiée et répandue parmi la noblesse. De ces codes on peut retenir celui des sept branches qui forment la composition.

Ces branches symbolisent différents éléments d’une scène naturelle : le sommet, le mont, la cascade, une vallée, la face éclairée de la scène et la face ombragée de la scène, un village au bord de l’eau. De cette codification naitront les diverses écoles avec leurs spécialistes.

Tradition japonaise de la composition florale - l'art de l'ikebena

Composition florale traditionnelle japonaise - art de l'ikebena

Source: femmes pratiquant l'ikebana: l'art traditionnel de l'arrangement floral au Japon via  moderntokyonews

La simplification de la pratique

Au XVe siècle un changement significatif dans l'histoire de l’ikebana est advenu. Le shogun Ashikaga Yoshimasa fit bâtir de larges constructions et de petites maisons pour exprimer son amour de la simplicité. Celles-ci contenaient un tokonoma (alcôve), où les gens pouvaient placer des objets d’art ou des arrangements floraux. Ce fut à cette période que les règles de l’ikebana furent simplifiées pour que toutes les classes sociales puissent en profiter.

À la fin du XVIe siècle. Un style plus simple d'arrangement floral appelé nageirel a vu le jour et a été intégré dans la cérémonie du thé. Dans ce style, les fleurs sont arrangées dans un vase aussi naturellement que possible et quels que soient les matériaux utilisés. 

L’ère Meiji ou l’occidentalisation de l’ikebana au Japon

Dans les années 1890, peu après l’ère Meiji, qui conduisit à la modernisation et à l’occidentalisation du Japon, fut développé un nouveau style d’ikebana appelé moribanal. Ce style apparaît, d'une part, du fait de l’introduction de fleurs occidentales et, d’autre part, du fait de l'occidentalisation du mode de vie japonais. Ce style moribana, qui crée une nouvelle forme de liberté dans l'arrangement floral, est utilisé pour les jardins zen.

 

composition florale - ikebena

Source: Anna Cicognani via Unplash

L’ikebana un art floral nippon à part

L’ikebana comme la calligraphie ou la cérémonie du thé était un des arts que les femmes étudiaient traditionnellement à l’école en vue de se marier.

Aujourd'hui, les arrangements floraux sont considérés comme l'un des trois arts traditionnels japonais. Les deux autres arts japonais sont la cérémonie du thé le cha no yu et le kōdō - qui est l’art d’apprécier les parfums. Parmi ces cérémonies du kōdō on écoute les parfums des encens suivant un protocole établie avec minutie.  Au Japon, on « écoute » les parfums des encens durant la cérémonie du kodo. On dit écouter l’encens qui est une expression qui traduit un acte de concentration. On dit même qu’on peut entendre la parole de Bouddha en écoutant l’encens.