L'art du bain au Japon
Les bains sont très populaires chez les Japonais. Parmi les bains japonais publics il y a les stations thermales ou onsen et les bains publics, sentô. Les bains publics et les bains thermaux constituent des sujets importants dans les arts visuels et sont aussi bien représentés dans la littérature nippone. Ils font pleinement partie de la culture populaire du pays.
Quelles sont les utilités des bains japonais ?
Ils offrent du plaisir et une purification collective et individuelle à leurs visiteurs. Les bains publics contribuent à une extension de la mixité sociale, ils apportent également à l’usager une sensation d’éternité. C’est un lieu où on se confronte à son corps et à celui des autres.
Combien il y a de bains publics au Japon ? Il y en aurait plus de 27 000 au Japon, le Nippon Onsen Research Institute, en 2015, a recensé officiellement 3 084 sources thermales et 132 millions visiteurs chaque année.
De quand datent les bains japonais ?
L’histoire des onsen est entourée de nombreux mythes et légendes, les sources thermales possédaient leur propre kami – divinités du Japon. Les premiers habitants de l’archipel s’étaient installés auprès de ces sources. C’est d’ailleurs une des plus anciennes sources, celle de Dôgo Onsen à Matsuyama qui a inspiré le film Le Voyage de Chihiro, de Hayao Miyazaki.
Durant l’ère Kamakura (1185-1333) les bains qui étaient jusque-là des lieux de célébration des kami, utilisés dans la religion bouddhiste pour des cérémonies religieuses de purification, deviennent peu à peu des lieux de soins thérapeutiques dans lesquels viennent tous les citoyens. Ils restent toutefois fortement utilisés par les japonais dans le cadre de purification. Avant d’aller se coucher par exemple, le bain a une fonction de purification de la journée avant la nuit. Un bain rituel de purification reste aussi pratiqué après un enterrement par exemple. La dimension religieuse et ésotérique ancienne constituerait un héritage inconscient à la pratique des japonais aujourd’hui. Toutefois, la thalassothérapie reste une activité joyeuse. Mettre fin aux maladies, développer la beauté physique, tels sont les avantages que les anciens espèrent tirer du bain dans l’eau divine.
Le mot bain apparaît pour la première fois en 1401. Les premiers véritables bains publics naissent à l’ère Heian, avec les machiyu – littéralement, « eau chaude de la ville ». Le terme générique yu (ゆ) pour eau chaude renvoie aux possibilités naturelles du thermalisme (onsen) et à l’eau chauffée dans les bains publics nommés sentô, ou furoya. Le signe cursif (ゆ) flotte sur le rideau souvent bleu à l’entrée, et l’enseigne du bain est aussi bien un trait en forme de coupe d’où montent trois traits tortillés de vapeur (♨).
Quelles sont les vertus des bains japonais ? À quoi servent-ils ?
Il faut savoir qu’au Japon, les sources thermales et les bains publics ne servent pas à se laver : pour entrer dans les eaux chaudes claires ou sulfureuses, il faut d’ailleurs être propre, car les eaux des kami ne peuvent être souillées.
Si ce n’est pour se laver, les japonais se rendent dans des sources thermales pour leurs véritables vertus. L’eau des sources thermales proviennent des sources volcaniques qui sont très nombreuses sur l’archipel. Elles sont en plus naturellement chaudes et contiennent des propriétés thérapeutiques selon la composition minérale et chimique du lieu où elles se trouvent. Elles peuvent ainsi être riches en soufre, en sodium, en acide carbonique ou même en fer, elles ont donc des vertus curatives. Il existe même des sources thermales en pleine nature – vue sur la mer, dans la forêt ou avec une vue sur le Mont-Fuji il s’agit des rotenburo.
Le bain domestique un rite d’accueil
L’o-furo permet d’accueillir son invité : la proposition de prendre un bain n’est pas une recommandation hygiénique mais bien une invitation au bien-être qui naîtra au contact de l’eau chaude. Tremper dans l’eau est considéré comme une activité en soi. On entre dans la baignoire une fois savonné et rincé. Le bain procure alors jouissance et délectation esthétique. Il s’agit de donner une nouvelle fraîcheur au corps et à l’esprit, dans une recherche qualitative de sensations agréables.